
Par
la suite Hsu Chi va beaucoup se cantonner, plus par obligation
que par véritable choix, dans des films d'amour sentant bon
la bleuette. Il faut dire que son air (faussement) innocent
et sa jeunesse, conviennent parfaitement à ce genre de film,
même si elle a su prouvé qu'elle était tout à fait capable
d'interpréter d'autres types de rôles.
L’année
suivante elle apparaît donc dans A Queer Story, film
sur l'homosexualité (avec un titre pareil on aurait eu du
mal à le deviner !) essayant de capitaliser sur la nouvelle
mode des films gays lancée par le succès du dernier Wong Kar
Wai, Happy Together. A Queer Story est par ailleurs
réalisé par un dénommé Shu Kei (réalisateur de Hu Du Men
et célébre critique hong-kongais) qui n'a rien
à voir avec "notre" actrice vu qu'il s'agit d'un homme !
Après
l'homosexualité, Hsu Chi va donner dans la pédophilie (détournée,
ne vous inquiétez pas !) avec The Fruit is Swelling,
qui conte l’histoire d’une petite fille curieuse des choses
du sexe et qui se retrouve transformer en jeune fille en une
nuit. Continuant sur sa lancée elle joue un autre petit rôle
dans Love Amoeba Style, l'histoire de trois jeunes
qui se remémorent leur vie sentimentale, et se fait surtout
remarquer dans L-O-V-E Love ou elle interprète le personnage
d’une fille qui aime boire, faire la fête et jurer, mais qui
doit se comporter comme une " lady ".
Hsu
Chi enchaîne tout de suite après avec My Dad is a Jerk,
métaphore sur la rétrocession de Hong-Kong, qui suit les retrouvailles
d'un père chinois avec son fils "anglais". Quelque temps après,
Hsu Chi retrouve Nat Chan Pak Cheung, réalisateur de L-O-V-E
Love, pour Those were the Days, où elle joue le
rôle d'une célèbre actrice du cinéma cantonais des années
60. Inspiré d'une série télé hong kongaise populaire, Old
Time Buddy, le film déçoit le public qui ne retrouve pas
vraiment ses héros préférés.
Le film, barjot au possible, voit un réalisateur vedette nommé
Wong Kar Wai (si, si !) projeté dans le passé pour avoir manqué
de respect au cinéma cantonais des années 60. Those were
the days fourmille de clins d'œil à d'anciennes stars,
à des situations de vieux film cantonais... et il est difficile
pour un non initié de véritablement savourer le film par manque
de repère.
Un
des films les plus intéressants de l'année 97 (du moins selon
certains critiques), Love is not a Game but a Joke,
voit cette fois ci Hsu Chi dans le rôle d'une policière attirée
par la philosophie (on aura tout vu !), la bouffe et, paradoxalement,
les mauvais garçons. L'histoire de Love… tourne autour
de trois garçons, un peu à la manière de Love Amoeba Style,
qui sont à la recherche d'une fille dont ils sont tous amoureux.
Ils finissent pourtant par se rendre compte que leur quête
les a menés loin de la femme de leur cœur et vers trois autres
filles dont ils sont, finalement, tombés amoureux. Love…
n'apporte probablement rien de neuf au genre, mais la douceur
et la simplicité du film ainsi que le jeux subtil et sensible
des acteurs en font un très beau film d'amour. Hsu Chi brille
dans son rôle de policière blessée et la scène où elle revoit
l'homme qui lui a brisé le cœur est d'une rare beauté. Son
interprétation lui vaudra d'ailleurs une nomination comme
meilleure actrice aux oscars.
Après
un autre petit rôle dans The Nice Guy, Hsu Chi fait
son apparition dans le cinquième opus de la série Young
and Dangerous. Et même si son rôle n'est pas des plus
importants, le fait de jouer dans une série aussi populaire
et connu que YaD (pour en savoir plus sur cette série
voir n°2 de ESS) n'a pu que lui attirer de nouveaux fans.
Hsu Chi fait aussi une apparition remarquée dans deux cartons
du box-office de l'été 98 : Storm Riders et City
of Glass. Bien que dans Storm Riders son rôle ne
soit pas des plus importants (elle éclaire, si besoin en était,
le film par sa présence et son humour) elle campe dans City
of Glass le premier rôle (ce qui est tout de même un peu
plus q'une simple apparition !) dans le personnage d'une femme
que l'on suit de ses 18 ans à sa mort. City of Glass
lui offre d'ailleurs probablement l'un de ces plus beaux rôles
avec celui de Love is not a Game.
Son
dernier film en date, The Blacksheep Affair (ex-Extreme
Crisis), qui est sorti à la fin du mois d'août à Hong
Kong, lui donne enfin l'occasion d'interpréter un rôle purement
dramatique (enfin bon, ce n'est tout de même pas du Shakespeare).
Mais le film, qui prend comme point de départ l'attentat perpétré
au sarrin dans le métro tokyoïte (on voit tout de suite le
parallèle avec l'affaire de la secte Aum), véhicule une idéologie
plus que douteuse. D'abord au niveau du rôle tenu par les
Japonais dans le film,d'affreux méchants, (mais de la part
de Hong Kong on aurait du mal à s'attendre à autre chose),
et surtout au niveau de l'image que donne le film du massacre
de Tien An Men (même si ce dernier n'est pas directement nommé).
Ainsi Ah Pun (Hsu Chi) quitte la Chine après de violents incidents
opposant le peuple et l'armée et retrouve quelques années
plus tard Dong (Zhao Wen-zhou) qui lui reproche alors d'être
parti et d'avoir trahi la Chine... Heureusement Ah Pun meurt
à la fin et se réhabilite ainsi aux yeux de son aimé... Comme
quoi le retour de Hong Kong à la Chine Populaire se fait bien
sentir ! Pour le détail qui tue, il faut aussi noter que le
méchant du film se nomme Mishima...
En
dehors de sa carrière d'actrice Hsu Chi a aussi tenté sa chance
du coté de la chanson, comme beaucoup d'autres confrères et
consœurs. Sa première expérience en la matière est sur le
film Sex and Zen 2 où elle chante un titre au nom évocateur,
Erotic Sound Wave Words. Elle interprète aussi le thème
principal de Hung Hing Sup Sam Mui (Hung Hing 13
Sisters) et on est toujours en attente d'un premier album
chez EMI où elle a signé.
Hsu
Chi continue par ailleurs sa carrière de mannequin et une
boutique de cosmétique l'a d'ailleurs prise comme modèle vedette.
Comme quoi Hsu Chi a parfaitement réussi à sortir du carcan
du milieu X et à s'imposer aussi bien au cinéma comme véritable
actrice, que dans le milieu de la mode comme véritable mannequin
et non plus modèle nue.
J.Sévéon
extrait de East Side Stories n°1, hiver 1998-1999
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(article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle)
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En fait le fait de se retenir au moment de l'éjaculation est
un ancien concept chinois qui vise effectivement à emmagasiner
du pouvoir. La connotation machiste de cette pratique n'échappera
à personne (les femmes nous bouffent toute notre énergie)
et il a été prouvé depuis que ce type de pratique était nuisible
pour la santé. A tenter à vos risques et périls…
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