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Brother, Aniki Mon FrèreKitano goes WestOn a eu un vieux coup de froid lorsque l'on a appris que Kitano réalisait son nouveau film aux States. Allait-il, comme de nombreux autres réalisateurs avant lui, être aspiré et compressé par la machine hollywoodienne et nous servir un produit sans saveur ? Eh bien non ! Non seulement Kitano est resté fidèle à son style et ses centres d'intérêts, mais il accouche en plus d'une de ses plus belles œuvres… Soyons
honnêtes, la plupart des tentatives de réalisateurs d'origine asiatique
pour s'imposer ou même plus simplement s'exprimer dans la capitale démoniaque
du cinéma américain se sont quasiment toutes achever dans le désastre
le plus total. Le fait que Aniki, Mon Frère ne soit pas une pure
production américaine (le film est coproduit par Recorded Picture Company
et Office Kitano) explique partiellement que le stoïque réalisateur japonais
ne se soit pas retrouvé broyé par la machine ricaine. Certes, Aniki n'évite
pas certains stéréotypes et attitudes propre au cinéma américain (notamment
concernant les personnages Noirs) mais il n' a malgré tout pas grand chose
à voir avec ce qui se fait de l'autre coté de l'Atlantique. Si l'on se posait encore des questions sur les sentiments que Kitano porte pour les Yakuzas, Brother clarifie rapidement le tableau : Kitano frôle le délire masturbatoire sur ses si chers mafieux. Non seulement il les représente comme de véritables chevaliers, ou plus exactement des samouraïs, des temps modernes, mais en plus ils semblent représenter à ses yeux, et jusqu'à une certaine mesure, de très bons exemples à suivre… Leur moral, leur code de l'honneur… bref toutes les étiquettes dont les mafieux aiment se parer pour paraître "justes", sont tellement grossièrement mises en valeurs que l'on hésite entre la consternation totale ou le fou rire. Car l'on sourit et rit beaucoup dans Aniki Mon Frère. Kitano, comme à son habitude, laisse beaucoup de place à l'auto dérision et à l'humour, les fusillades ultra violentes et sanglantes donnent souvent dans le grand guignol et les attitudes silencieuses de Kitano lui même sont toujours aussi jubilatoires. Alors d'accord, l'image glorieuse que Kitano donne aux Yaks peut agacer, mais elle est néanmoins tempérée par le caractère excessive (un comble : tempérer par des excès !) des situations et par la fin brutale qui attend tous ceux qui ont choisi la voie du crime. Car
Brother, et c'est bien là que Kitano rejoint Mishima, est aussi
un hymne à la mort. Tout comme le célèbre écrivain, Kitano partage en
plus de sa fascination pour la mafia japonaise une autre véritable obsession
et fascination pour la mort, peut être accentuée par son accident de moto
qui faillit lui coûter la vie (et le laissa d'ailleurs sacrément amoché).
Tout comme Mishima qui mourut en s'ouvrant le ventre, tel les Samouraïs
qu'il admirait tant, Kitano rêve d'une fin brutale, marquante et héroïque
: une mort par les armes. Malgré l'humour volontaire de nombreuses scènes,
Brother est au fond un film très noir et désespéré. Plus le film
avance plus la violence excessive (mais tellement jouissive !) du réalisateur
prend un caractère nihiliste et suicidaire. Julien Sévéon
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