36ème Chambre de Shaolin, La

Hong Kong, 1978

Titre original : 36th Chamber of Shaolin, Master Killer (titre US)
Réalisateur : Liu Chia-Liang
A vec : Liu Chia-Hui, Lo Lieh, Wong Yu
Editeur Vidéo : Thorn EMI Video

Que dire d'original sur ce film ? Il pourrait paraître banal aujourd'hui tant il a été recyclé depuis des années. Dernier en date : Tai Chi Master de Yuen Woo-Ping (toute la première partie dans le temple). Mais encore une fois il est d'une telle qualité de mise en scène qu'il a passé l'épreuve du temps sans problème, se bonifiant même avec les années.
L'histoire est cependant banale avec ce jeune garçon (Liu Chia-Hui bien sûr) qui se réfugie dans le temple de Shaolin pour échapper aux Mandchous qui ont massacré toute sa famille, et va revenir se venger après avoir appris les arts martiaux (oui, comme dans Le Temple de Shaolin avec Jet Li, quand je vous dit que tout le monde l'a pompé ce film). Mais peu importe, l'essentiel est dans la description des épreuves hallucinantes qu'il va devoir surmonter pour devenir un maître en kung fu. Une suite d'épreuves "sportives" très difficiles voire sadiques qui constituent l'essentiel du film, mais comme il faut les voir pour le croire, je ne les raconterai donc pas. La performance de Liu Chia-Hui, demi-frère de Liu et combattant émérite, est une nouvelle fois incroyable, passant du jeune étudiant naïf au héros invincible avec une facilité et une conviction évidentes. Les combats sont évidemment superbes et l'on peut les revoir encore et encore sans se lasser (à savourer surtout sur l'édition DVD en (Shaw) scope, car sur la cassette sortie en France il manque toujours un personnage à l'écran - à cause du pan and scan bien sûr - et sans compter que la version numérique comporte 25 mn de plus, dont un bon quart d'heure de magnifiques scènes d'entraînements et de combats qui rehaussent encore le niveau du film, comme si il en avait besoin...)
Mais La 36ème Chambre de Shaolin ne se limite pas à cela, et l'idée la plus intéressante vient à la fin quand le héros décide d'ouvrir une chambre de plus (la trente-sixième bien sûr) pour enseigner aux laïcs les arts martiaux, afin qu'ils puissent se défendre contre les Mandchous. Une scène qui permet de mieux comprendre pourquoi, dans Les Arts Martiaux de Shaolin (celui avec Jet Lee, passé sur Arte à 20H30 s'il vous plaît), deux des trois héros ne sont pas des moines : ils logent et habitent au temple de Putian mais ne sont pas convertis au bouddhisme, bien qu'ils soient experts en arts martiaux : ils profitent de l'enseignement du temple sans pour autant devoir se convertir, chose possible grâce au héros de La 36ème Chambre.
Une leçon de tolérance de la part du temple de Shaolin mais dont Liu sous-entend qu'elle n'a pas été facile à accepter même pour les très sages moines de ce haut-lieu. Le mérite de Liu Chia-Liang de souligner ce défaut dans le film en est d'autant plus grand, lui-même étant comme chacun sait issu de cette école. On peut noter qu'il existe une suite officielle intitulée Return to 36th Chamber toujours avec Liu Chia-Hui (mais qui interprète un autre personnage).
Ce monument du cinéma d'arts martiaux, sans conteste possible l'un des plus beaux films jamais sortis des studios de la Shaw - et de l'esprit de Liu Chia-Liang - est une oeuvre à voir et à revoir sans fin.

Stéphane Pons