Mission Invasion Terre
Phoenix Dominator

Japon, 1980

Titre original : Uchu kaiju Gamera
Autres Titres : Gameka (France) / Gamera Super Monster (USA) / Space Monster Gamera (USA) / Super Monster (USA) / Super Monster Gamera (USA).

Réalisateur : Noriaki Yuasa
Avec : Mach Fumiake, Yaeko Kojima, Yoko Komatsu, Keiko Kudo, Koichi Maeda, Toshie Takada,...

Critique : Il est souvent admis qu'Ed Wood est le plus mauvais réalisateur au monde. Si certains de ses films sont effectivement tellement mauvais (Plan 9 from Outer Space) qu'il en deviennent presque des chef d'oeuvres, on oserait presque un commentaire similaire à propos de ce Gameka. Evidemment, la proximité du titre avec Gamera est loin d'être innocente puisqu'il s'agit en fait d'un film réalisé par celui là même qui a réalisé bon nombre de Gamera, Noriaki Yuasa, dont le tout premier, en 1965.
Mais, avant tout, je ne résiste pas à vous retranscrire le synopsis de la jaquette.
Un engin spatial pirate (Zanon) projette la conquête du monde et son esprit satanique lui dicte l'invasion de la Terre. Pour l'exécution de ce plan démoniaque (effectivement, il fallait y penser !), sont engagés six énormes monstres malfaisants et une espionne (Gilage). Pour mettre en échec cette invasion, la planète de la Paix M88 dépêche sur la Terre trois filles spatiales (les superwomen) qui sans armes, auront recours à un monstre paisible mais coriace (on l'aura deviné, il s'agit de la tortue géante Gamera) ennemi acharné des six monstres, pour réussir leur mission. Une succession de combats dans les airs, de luttes terrifiantes vont anéantir les six monstres et condamner l'espionne.

S'il fallait continuer le parallèle avec Ed Wood, on ajouterait que Gameka fait appel aux mêmes techniques du maître. Effets spéciaux lamentables (la transformation d'une camionette en un point orange est un sommet de la magie du cinéma !), acteurs pitoyablement mauvais, montage absurde et surtout, exploitation de scènes volées à d'autres films ou à des documentaires. Etant japonais, Gameka utilise quelques images fixes dessinées, en guise d'introduction didactique sur notre univers et pour palier à des effets spéciaux trop complexes. On retrouve même des images empruntées à Galaxy Express 999 (1978) qui arrivent comme un cheveux sur la soupe, Gamera rencontrant le train spatial lors d'une escapade dans l'espace !
Mais le principal emprunt reste aux kaiju eiga avec pas moins de sept monstres (et non six) dont "Giant Space Monster Jiger" ou "Deep Sea Monster Zigra", dont Gameka nous offre une compilation de leurs meilleurs affrontements face à Gamera. Occasion pour Noriaki Yuasa de réutiliser ses travaux passés ! On peut y voir Gamera y faire de la barre fixe, jouer du xylophone avec les nageoires d'un monstre vaincu ou lancer à plusieurs reprises des rochers pour vaincre ses adversaires. Et même se permettre un clin d'oeil à Gojira...

Je résiste cependant à l'envie de vous citer quelques répliques car cela m'obligerait à citer l'intégralité du film tant les dialogues sont, chacun et sans exceptions, de véritables perles d'humour et de ridicule. Passons rapidement sur les acteurs tous incroyablement mauvais. A noter cependant que deux des superwomen ne servent strictement à rien, à aucun moment du film ! Une voix off vient parfois préciser les choses, comme si cela était bien utile pour un film s'adressant visiblement à la classe d'âge 8-12 ans. Le héros est d'ailleurs un enfant de cet âge qui nous interprète la fameuse "Marche de Gameka" à l'orgue, qui, avouons-le, finit franchement par taper sur les nerfs....

Le tout est emballé par un discours niais et humaniste ayant pour base la non violence des superwomen. On a le droit à une scène dans le plus pur style de "Ouvrez, ouvrez, la cage aux oiseaux..." et une autre qui voit la repentance de la méchante espionne. Sans oublier le superbe sacrifice de Gamera, offrant sa vie de tortue mutante pour sauver notre planète et qui ne manquera pas de vous arracher une larme.

Ce film est certes totalement, osons le mot, débile. Mais il a ce charme insoupçonable des véritables navets et autres série Z. Vous vous surprendrez à vous repasser plusieurs fois quelques scènes d'anthologie !

Commentaires : Comme cela saute aux yeux, la jaquette est totalement bidon. Brigitte Lin n'est pas dans Gameka, loin s'en faut, et lors de l'achat, il faut faire un choix entre le synopsis et la distribution (justes) et les images (fausses). Cruel dilemne pour qui n'identifie pas Gameka immédiatement. Le titre est naturellement aussi absurde et sans lien aucun avec le contenu réel que les images (mis à part ce "Mission Invasion Terre").

Zeni