L'Aigle de Shaolin

Hong Kong, 1977

Titre original : Invincible Armor (Int.) / Ying zhao tie bu shan.

Réalisateur : Ng See-Yuen
Avec : Jang Lee Hwang, John Liu Chung-Liang, Phillip Ko, Corey Yuen, Yuen Biao, Lee Hoi-Sang, Yuen Tsin Yee, Tino Wong.

Critique

Tout, vous saurez tout sur la technique de l'aigle en kung-fu. Tout des 108 points faibles dont 34 mortels, tout des 108 coups basés sur 50 frappes de base. Et vous apprendrez aussi comment vaincre la technique de "l'armure invincible" grâce à celle des "doigts d'acier" ; comment utiliser la respiration de son adversaire pour le frapper lorsqu'il est en position d'infériorité. Enfin, vous verrez comment le budget d'un film peut passer en jarres brisées à défaut d'être consacrés à des acteurs différents.
Car si L'Aigle de Shaolin possède quelques "stars" du Kung-fu : Jang Lee Hwang, ancien professeur de taekwondo coréen reconverti dans les films de kung-fu ; John Liu Chung-Liang, acteur de seconde zone qui réalisa un mystérieux Kung Fu Emanuelle (!) ; et surtout Yuen Biao et Corey Yuen, chorégraphes du film ; il s'avère que ces deux derniers ainsi que Yuen Tsin Yee jouent plus de six rôles différents ! En fait, à chaque fois que l'un des personnages principaux affrontent un groupe d'hommes, il s'agit du trio infernal....

L'histoire est relativement simple. Un homme appelé Chen Yue (Lee Hoi-Sang) assassine le maître du général Chow (John Liu) mais parvient à s'échapper en faisant accuser ce dernier. Parvenant à s'échapper et bien décidé à prouver son innocence en arrêtant le véritable coupable, le général Chow met à jour un complot qui implique des personnalités haut placées dans l'assassinat de son maître dont Le Maître (Jang Lee Hwang).

Cette trame linéaire, faite d'incessantes poursuites, et surtout un moyen simple et efficace de mettre en application une technique de scénariste, que l'on appellera de "l'intervention". A savoir, un personnage en poursuit un autre, le premier étant lui-même poursuivi par un troisième. Au cours de leurs fuites respectives, ils se rencontrent régulièrement pour s'affronter mais, systématiquement, un personnage nouveau fait son apparition, parfois arrivant d'on ne sait trop où. Ce "truc" permet à un des personnages de s'enfuir ainsi que de permettre la continuité du film. Entre chaque combat, on a le droit à quelques dialogues qui font avancer l'histoire et dessinent un scénario qui apparaît confus et alambiqué de prime abord.
Heureusement, les combats sont de très bonne facture même s'ils ont trop souvent un caractère trop technique. Cependant, l'excellence de la chorégraphie et le rythme soutenu fait qu'on ne s'ennuie pas un seul instant (voir notamment la scène du restaurant avec un acupuncteur ou grâce à la diversité des armes employées). On pouvait pourtant craindre un peu face à ce genre de films de kung-fu très didactiques, qui, souvent, sont un peu lourds comme dans ce passage où les points faibles sont indiqués grâce à des ronds rouges. Didactique à un tel point qu'on se demande si L'Aigle de Shaolin n'a pas été le film de chevet de notre adoré JCVD et John Liu, son mentor. Grands écarts, jambe levée jusqu'au visage et un goût prononcé pour prendre la pose, il y a de quoi se poser la question...
Quelques traits d'humour viennent parfois gâcher certaines scènes mais offrent également quelques moments tout à fait savoureux, principalement par des répliques cinglantes. Mais le summum est atteint lorsque l'on découvre - au risque de vous le dévoiler - le point faible de "l'armure invincible" du Maître (Hwang). Il s'agit de la très opportuniste et peu académique technique de l'écrasement des parties... Pour nous aider à bien en saisir toutes les conséquences, une métaphore imagée fort originale nous montre une main lançant puis écrasant des oeufs. Le kung-fu réduit au bon vieux coup de latte dans les parties, il y a de quoi se faire retourner dans leur tombe les grands maîtres de l'Art Martial chinois !
Peu conventionnel et amusant, donc recommandé.

Commentaires

La pochette de l'édition française (même collection que L'Enfer des Ninjas) est complètement bidon bien que le résumé, qui reprend en partie les commentaires en voix off du générique, soit correct ainsi que, de manière assez surprenante, la distribution. La traduction du titre en français est totalement différente de celle en anglais, mais pour une fois, elle reste relativement juducieuse.

Zeni