Sunsi, le Formidable Karateka

Hong Kong / Japon, 1973

Titre original : Gekisatsu! Jaro-ken (Violent Death! Way of the Evil Fist)
Autres titres : The Soul of Chiba (Titre international) / The Soul of Bruce Lee (USA) / Oriental Arsenal (USA) / Sunsi, le Formidable Karateka (France).

Réalisateur : Chan Tang Man / Yukio Noda
Avec : Sonny Shinichi Chiba, James Tadashi Yamashita (aka Bronson Lee), Etsuko "Sue" Shiomi, Bolo Yeung.

Peut-être ce film est-il le projet "Tokyo-Seoul-Bangkok" qui devait réunir Sonny Chiba et Bruce Lee mais qui avorta suite au décés de Bruce Lee.
Sonny Chiba avait donné son accord mais arriva dix jours en retard à Hong Kong, apprenant à son arrivée que Bruce Lee était décédé.

Critique : En Thaïlande, l'élève Sunsi (Sonny Chiba, le fondateur du Japan Action Club dont sont issus Henry Hiroyuki "Duke" Sanada et Etsuko Shiomi) découvre son maître d'arts martiaux assassiné. L'assassin est un autre élève, Samwan, qui prétend avoir tué le maître afin de prendre sa place de CSD (Chef du Syndicat de la Drogue). Sunsi, ne pouvant y croire, s'attaque à Samwan mais est grièvement blessé par ce dernier. Plus tard, tandis que Sunsi traque Samwan, il est aidé par un policier (Sensei Tadashi Yamashita, ceinture noire 9ème dan de karaté) de Hong Kong, qui s'est infiltré dans l'organisation mafieuse de Samwan.

La particularité de Sunsi, est de présenter deux films en un. Après quelques images d'archive plutôt confuses d'une guerre en Thaïlande et de l'abandon d'enfants par leur mère (on devine que l'un d'entre eux n'est autre que Sunsi), puis de l'enseignement des arts martiaux suivi par Sunsi, le film fait un bond dans le temps pour en arriver à l'assassinat du maître. Là encore, rapidement, une soudaine rupture nous amène à Hong Kong où va avoir lieu un échange de drogue contre des diamant. L'homme qui vient acheter de la drogue à l'organisation de Samwan meurt finalement ainsi que sa petite amie, donnant une curieuse impression que le film se termine au bout d'une grosse demi-heure seulement !
Seul détail pour prouver un décalage dans le temps, Samwan a désormais une moustache et des cheveux d'une belle couleur grise... Mais ce n'est pas fini est c'est soudain comme si un deuxième film commençait. On retrouve Sunsi qui est en contact avec le policier et on apprend par des flashbacks l'histoire de Sunsi et du policier. On commence enfin à comprendre quelque chose à ce film bien que ce ne soit pas de tout repos et qu'un effort d'attention ne s'avère pas vain.

Le plus étrange est cette curieuse machine électrique qu'utilise Sunsi depuis sa blessure occasionnée par Samwan. Il s'envoie des décharges électriques, vêtu dans un curieux accoutrement de latex noir et de résilles, le tout dans une hutte en pleine jungle thaïlandaise.... Ce traitement mis au point par un médecin depuis longtemps décédé et dont la fille (Etsuko Shiomi) a hérité , permet à Sunsi de rattraper la vitesse de l'électricité (sic). Mise à part cette base de scénario curieuse qui mêle délires des années 70 avec policier classique et violent, le plus grand intérêt du film reste la présence du trio Sonny Chiba (toujours aussi stupéfiant), Tadashi Yamashita (un grand nom du Karaté) et Etsuko Shiomi (la grande oubliée des films d'arts martiaux). Il est certain qu'avec ces trois plus dignes représentant du karaté, les combats ne peuvent être que très réussis.

On retiendra un affrontement particulièrement impressionnant entre Sunsi et quatre hommes-singes possédés ainsi que l'emploi d'une technique de ralenti permettant de classer Sunsi parmi les précurseurs de Matrix ! Certains combats sont ainsi filmés au ralenti sauf au moment où les coups portent, avec un retour à la vitesse normale.
Fort bien employé, ce procédé produit un effet très sympathique et le réalisateur n'en n'abusant pas, la technique ne lasse pas. Évidemment l'affrontement final entre Samwan et Sunsi reste un moment d'anthologie des films de karaté, même si l'on peut regretter une certaine longueur dans toute la partie où Sunsi et le policier doivent se débarrasser des hommes, nombreux, de Samwan.

Film de karaté, certes, Sunsi n'en reste pas moins très violent et d'une grande noirceur, faisant là tout son intérêt. On y voit ainsi un Sonny Chiba totalement accroc aux drogues !

Commentaires : L'éditeur Fil à Film reste une des valeurs sûres du milieu des éditeurs de films d'arts martiaux et la jaquette tout comme les indications qui y sont portées sont correctes.

Zeni