Justicier d'Okinawa, Le

Japon, 1976 ?

Titre original : il s'agit vraisemblablement de Okinawa Yakuza (JP) alias Okinawa Yakuza War (US)
Autre Titre : Okinawa (F)

Réalisateur :
Avec : Sonny Chiba

Critique
Curieux film que ce Justicier d'Okinawa. Sans vouloir établir des parallèles forcés ou incongrus, j'ai vu dans ce film un précurseur des films de Kitano. La violence extrême de certaines scènes, un personnage principal peu causant et faisant passer l'amour après ses propres aspirations, le soleil du Japon méridional, les yakusas, une noirceur toujours présente, la musique (entre du Joe Hisaishi et le générique de La croisière s'amuse)... nombreux sont les points communs avec celui que la critique et le public a plébiscité comme un des maîtres du film de yakusas, enterrant du même coup près de 50 ans de cinéma de genre japonais. On pense à Sonatine surtout, sans les ellipses si chères à Takeshi Kitano, ni les jeux de plage.
Mais Le Justicier d'Okinawa, s'il a pu inspirer d'autres cinéastes, n'hésite pas lui même à chercher l'inspiration dans le cinéma américain, et pas le meilleur. Sonny Chiba fait indéniablement penser à un Charles Bronson nippon, celui de le série des Justicier dans la Ville. On échappe, heureusement, au plaidoyer pour l'autodéfense, ici remplacé par une histoire de vengeance.

Ryo (Sonny Chiba) est un vétéran du Vietnam de retour au Japon. A peine arrivé, il apprend que son jeune frère, Tetsu, un boxeur professionnel, vient d'être assassiné par des yakusas. Aidé d'un ancien compagnon d'arme, Max, et de la petite amie de Tetsu, Reiko, il est bien décidé à traquer les coupables jusqu'au dernier pour leur faire payer leur crime.
Traversé par des scènes extrêmement violentes d'assassinats (dont une castration à la tronçonneuse !), Le Justicier d'Okinawa est un digne représentant de ces films de yakusas où le sang coule à flot à la moindre incartade. Si l'on exclue le look très ridicule de Sonny Chiba, pourvu d'un treillis, de cheveux longs et d'une moustache épaisse, comme s'il fallait absolument y voir un vétéran du Vietnam, le film mérite largement qu'on s'y arrête. Rythmé, violent, bien interprété (en dépit d'un doublage lamentable), c'est un bon film d'action parfois touché par une certaine grâce lors des scènes de fusillade. On retiendra notamment deux scènes jumelles où l'on voit d'abord un cadavre de yakusa à la morgue, autopsié par des médecins qui s'affairent autour de lui pour retirer les balles du corps, tandis que la scène suivante montre Ryo, blessé au même endroit que le yakusa décédé, obligé de s'extraire lui même la balle.
S'il faut regretter une chose, c'est certainement le fait que le film va trop souvent loucher vers les films américains. Voitures américaines, omniprésence de militaires américains, lieux qui ressemblent au Bronx, Max, un garagiste d'origine américaine, bar bourré de G.I.'s... Ne seraient pas présents les yakusas, on serait en plein film américain. Mais à la différence de ces derniers qui souvent restent très aseptisés et moralisateurs, Le Justicier d'Okinawa est violent et pessimiste.

Commentaires
L'absence de tout nom d'acteur ou de réalisateur sur la jaquette permet d'éviter les coutumières bourdes. Le résumé correspond bien au film ainsi que les photos qui ornent la jaquette, toutes bel et bien extraites du film. Heureusement d'ailleurs, puisqu'on y reconnaît Sonny Chiba et que sans sa présumée présence, il n'est pas certain que j'eusse acquis cette cassette. A noter, une fois n'est pas coutume, que l'ensemble des génériques de fin et de début sont conservés.

Zeni